jeudi 23 janvier 2014

Sécurité : Enjeux & solution ultime

Lorsqu'en 1988, Fridtjof Nansen [le célèbre explorateur norvégien] et ses 4 compagnons, entament la traversée de la calotte glaciaire du Groenland d'est en ouest , ils savent de toute évidence que leur destinée se résume à deux alternatives : atteindre la côte ouest ; ou bien mourir. Il n'y a alors aucun moyen de secours possible sur la côte est qu'ils viennent d'atteindre dans des conditions périlleuses...

Aujourd'hui, la donne n'est plus tout la fait la même : le sauvetage est désormais potentiellement possible partout. Mais il n'en reste pas moins un aspect particulièrement complexe dans le cas d'expéditions très isolées. Car pour être effectifs, les moyens de sécurité [que ce soit les moyens primaires élaborés pour éviter l'accident, ou ceux secondaires échafaudés pour résoudre les problèmes générés par l'accident] doivent être totalement efficaces, multiples et redondants.

Dans cet esprit, nous emmenons :
- 2 radios VHF : en premier lieu, elles autorisent une communication à distance relative entre nous sur le terrain. Par mauvais temps et en cas de perte de contact visuel, il faut pouvoir se localiser l'un l'autre [à ce sujet, voir l'encart 'Techniques de progression dans le white out' sur http://latitudes-nord.fr/carnets-et-photos/the-elements-expedition-tempetes-sur-le-vatnajoekull]. Les radio VHF sont le moyen le plus simple pour cela. En cas de secours externe, la VHF permet également d'entrer en contact avec les sauveteurs lors de leur approche finale par moyen aérien.

- 2 téléphones satellites (chacun de nous en a un). Dans le cas où l'un d'entre eux tomberait en panne, où il y aurait perte de contact visuel entre nous et pas de communication radio possible, où l'un d'entre nous nécessiterait une assistance que l'autre ne serait pas en mesure de lui apporter sans l'intervention d'une aide externe... Chaque téléphone est accompagné d'une batterie de rechange.

Au-delà de son rôle évident de maillon fondamental dans les process d'appel d'urgence et de secours, le téléphone est un élément garant de notre sécurité au jour le jour : il nous permet de recevoir des informations parfois capitales (bulletin météo) qui peut nous permettre de mieux appréhender notre sécurité... 

Radios comme téléphones nécessitent des sources d'approvisionnement en énergie électrique. Pour respecter la logique des moyens de sécurité et de secours, il faut aussi respecter celle de l'autonomie des moyens d'approvisionnement énergétique : nous emmenons donc deux panneaux solaires et deux batteries de secours et de stockage pour pouvoir recharger les équipements de communication...

Par ailleurs, les conditions de progression à vitesse élevée sur le sol très irrégulier de l'inlandsis sont extrêmement préjudiciables à l'intégrité du matériel [en particulier les équipements électroniques]. La chaine de la sécurité se prolonge donc jusque dans les moyens que nous employons pour assurer la conservation de l'ensemble des éléments nécessaires à cette chaine : ils sont stockés de telle façon à ne pas risquer d'être détruit par les chocs qu'encaissent en permanence les pulkas...

En dépit de toutes ces précautions,  bien des choses peuvent mal tourner. Que faire si, malgré tout, la chaine de sécurité / communication est rompue [si les deux téléphones satellitaires ou les panneaux solaires sont endommagés, si les batteries tampon sont à plat et si nous sommes en difficulté, si l'ensemble de nos unités de communication satellite pré-payées expirent...] alors que nous avons précisément besoin d'aide? 
 
C'est pourquoi les procédures de sauvetage sont extrêmement réglementées par le gouvernement du Groenland et c'est pourquoi ce dernier exige de toute expédition une balise de localisation personnelle (PLB) comme ultime recours pour déclencher un secours. 


Toute expédition est obligée de posséder à minima une balise de détresse personnelle...

...une radio VHF...

... un téléphone sattelite.


La réglementation précise encore:

«5.1.1. Les exigences quant à la Balise de localisation personnelle (PLB) :
  Toute expédition qui a lieu dans des zones inhabitées du nord et de l'est du Groenland, ainsi que sur ​​la banquise ou sur la calotte glaciaire, doit être en possession d'une balise de détresse certifiée. La PLB doit avoir une capacité de transmission continue [grâce à une alimentation interne effective durant au moins 24 heures à une température ambiante de -20 ° C] sur ​​les fréquences 121,5 MHz / (243m Hz) et 406 MHz.
 
PLB, marque Kannad, modèle Safelink Solo.  
En principe, après achat d'un nouvel équipement, nous sommes tous passablement excités à l'idée de l'essayer. Dans ce cas, c'est un peu différent : nous espérons ne jamais avoir à l'utiliser...

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